Etre présent à soi et aux autres, est-ce possible ?
Il y a quelques jours, je faisais la queue chez le cordonnier. La jeune femme devant moi expliquait au cordonnier le travail à effectuer lorsqu’une sonnerie indiquant l’arrivée d’un sms interrompit la conversation. J’ai vu alors le commerçant « planter là » la cliente pour aller voir le message sur son téléphone, tout en faisant un commentaire sur le fait d’être dérangé tout le temps. Il avait fait un choix de priorités très surprenant. Dans quel monde vivons-nous si le message électronique prend le pas sur la relation physique, y compris dans des métiers de commerce où la relation compte beaucoup ? Comment décidons-nous d’aliéner notre liberté et de nous mettre sous la dictature de cet instrument ?
Oui, je parle de choix, car nous avons toujours le choix d’éteindre notre téléphone, d’utiliser notre messagerie en faisant confiance à l’autre de laisser un message si c’est important. Nous avons le choix mais nous n’en avons plus conscience. Quand nous appelons quelqu’un sur son portable, ne commençons nous pas nos conversations systématiquement par un « Je ne te dérange pas ? » comme si celui qui appelle était responsable de déranger l’autre, alors que c’est l’autre qui a décidé de décrocher le téléphone pour répondre.
Nous acceptons cette dictature implicite de l’immédiateté et de la disponibilité prioritaire pour ceux qui ne sont pas avec nous par rapport à ceux qui sont à nos côtés. Un humoriste disait dans un de ses sketches « Nous sommes plus proche des gens qui sont loin de nous que de ceux qui sont à nos côtés ».
Prendre conscience de ses comportements :
Je ne prône pas la déconnexion totale. Ce serait absurde et sans aucun sens dans le monde d’aujourd’hui. Je vous suggère d’abord d’être en conscience de vos comportements, y compris dans l’univers professionnel, et de décider à quel moment vous vous déconnectez: Aujourd’hui, j’ai un rendez-vous important avec un collaborateur, qui a besoin d’être écouté. Je décide donc de mettre mon téléphone en mode avion (et non en vibreur). J’ai un point avec mon équipe : je réduis la durée de la réunion et je propose une règle de présence au groupe sans interruption.
Je dois prendre un temps de recul pour mieux définir les prochaines étapes d’un projet : je me réserve 30 minutes dans mon agenda, sans aucune connexion téléphone ou mail, et je demande à ne pas être dérangé.
J’ai eu cette prise de conscience personnelle lors du séminaire Oser Son Potentiel auquel j’ai participé il y a quelques années. Nous avions exploré ces moments de présence à soi-même et à ce qui se passe ici et maintenant, ce qui a été riche d’enseignement pour moi.
Les effets bénéfiques :
Prendre conscience et agir, par petite touche, a des effets bénéfiques :
- sur vous : vous reprenez la main sur votre activité, votre vie, en nourrissant des temps de qualité avec vous-même et avec ceux qui vous entourent
- sur vos collaborateurs : une présence à l’autre est un cadeau que vous leur faite, une reconnaissance de leur valeur, de l’importance de l’échange que vous avez avec eux. C’est un facteur de motivation.
- Sur l’environnement autour de vous : décider de prendre ces temps sans connexion est un modèle que vous pouvez insuffler dans votre environnement, facteur de qualité de vie au travail.
Alors, à quand votre prochaine déconnexion (temporaire), pour vivre vraiment ?